Les participants Tempo en 2009 avaient des niveaux de consommation de tabac, alcool, cannabis comparables à ceux observés en population française : 36% étaient fumeurs réguliers de tabac (au moins une cigarette par jour), 23% avaient fumé du cannabis dans l'année et 14% avaient une consommation problématique d'alcool.
Si l’on compare les données des participants Tempo de 2015 aux résultats du Baromètre santé de 2014 chez les 26-34 ans, on observe une moindre probabilité d’être fumeur régulier de tabac dans Tempo (18% contre 36%), de boire de l’alcool de manière hebdomadaire (32% contre 43%), et de consommer du cannabis (13% contre 17% au cours des 12 mois précédents). Enfin, la proportion d’usagers actuels de la cigarette électronique est comparable à la population générale (7,5% contre 8%).
En 2009, les jeunes qui avaient une situation sociale défavorable, c'est à dire qui n'avaient pas le baccalauréat et travaillaient dans un emploi peu qualifié et/ou instable, avaient des niveaux de consommation de produits élevés.
En analysant les trajectoires de consommation d’alcool entre 1999 et 2009, on observe que pour 70% des adolescents, l’abus d’alcool est limité dans le temps. Néanmoins, pour les participants issus de familles dont le niveau de revenus est faible, la probabilité que l’abus d’alcool persiste après l’adolescence semble augmentée.
Grâce aux informations recueillies en 2011, nous avons observé un lien entre précarité alimentaire (une situation où les personnes n'ont pas suffisamment de ressources pour manger en quantité suffisante et équilibrée - 8% des participants Tempo), et des problèmes de santé dont l'abus de tabac, alcool et cannabis. Ainsi, les inégalités sociales dans ce domaine commencent très tôt dans la vie.
Situation professionnelle et consommation de tabac, alcool, cannabis dans l’année
Un des facteurs qui influence, semble-t-il, le risque d'addiction chez les jeunes adultes est l'environnement familial. Ainsi, les jeunes dont les parents sont fumeurs ont un risque de tabagisme deux fois plus élevé que les enfants de non-fumeurs. Par contre, les jeunes dont les parents ont arrêté de fumer fument aussi peu que les enfants de non-fumeurs.
Les données recueillies en 2011 ont permis de montrer que les conditions de travail, l'environnement familial, la consommation concomitante de drogues et les difficultés psychologiques pourraient influencer l'arrêt du tabac chez les jeunes adultes.
Un analyse sur les données renseignant la consommation de tabac au cours des différentes enquêtes proposées nous a permis d'observer les liens entre les différentes trajectoires de consommation de tabac et le niveau de diplôme, les troubles de comportement à l'enfance, l'âge d'initiation à la consommation de tabac et de cannabis ainsi que le statut tabagique des parents durant l'enfance des enquêtés.
Suite à la commercialisation de la cigarette électronique (e-cigarette) en 2010 en France, nous avons étudié les facteurs associés à l’utilisation de cette e-cigarette chez les jeunes adultes. Cetteutilisation est essentiellement liée à la consommation de cigarettes traditionnelles, mais elle est également associée à des caractéristiques sociales et de santé défavorables et à une perception positive de l’e-cigarette. Toutefois, chez les jeunes adultes, la probabilité d’utilisation de l’e-cigarette dépend moins de leur état de santé que chez les personnes plus âgées. Par ailleurs, alors que l’e-cigarette est souvent utilisée pour arrêter de fumer ou dans une optique de comportement plus sain, il n’a pas été observé de diminution réelle de la consommation de tabac parmi les utilisateurs. Les jeunes adultes qui utilisent l’e-cigarette continuent de fumer des cigarettes traditionnelles.
Une autre étude a montré que les jeunes qui ont de mauvaises relations avec leurs parents, alors qu'ils sont déjà adultes, ont environ deux fois plus de problèmes d'alcool que les jeunes qui ont des relations satisfaisantes avec leurs proches.
Enfin, d'autres résultats ont montré que les jeunes dont les parents avaient divorcé avaient un niveau élevé de consommation de cannabis, seulement si leurs parents avaient aussi été déprimés (environ 2,4 fois plus souvent que les jeunes dont les parents étaient ensemble et n'avaient pas souffert de dépression).
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Ainsi, le contexte familial et la qualité des relations avec les proches sont associés aux conduites addictives au-delà de l'adolescence. Nous avons par ailleurs réalisé une étude montrant que ces facteurs peuvent également influencer la probabilité d'arrêt du tabac. En effet, si la naissance d'un enfant est un moment propice pour arrêter de fumer (surtout pour les femmes), la plupart des personnes recommencent à fumer lorsque leur enfant a un an. D'autre part, les facteurs liés au stress au travail sont également un obstacle à l'arrêt du tabac. Les recherches à venir nous permettront de mieux comprendre le rôle de multiples facteurs socioprofessionnels (chômage, stabilité de l'emploi, stress au travail) vis-à-vis des trajectoires de consommation du tabac, de l'alcool et du cannabis dans le temps.
Khati I, Menvielle G, Chollet A, Younes N, Metadieu B, Melchior M. What distinguishes succesful from unsuccesful tobacco smoking cessation? Data from a study of young adults (Tempo). (Prev Med Rep. 2015)
Grâce à l’utilisation de groupes de discussion auprès des participants de Tempo, nous avons pu observer que, même si les mesures juridiques, l’augmentation des prix et les campagnes de prévention contribuent à une diminution du tabagisme, il existe des résistances à cette réduction, en particulier chez les personnes de faible niveau social. Par ailleurs, le tabac consommé dans un cadre festif ou au travail soit dans un but de sociabilisation ou afin de gérer son stress reste également un frein. Il est souligné l’importance d’offrir des alternatives lors de ces cadres, dans le but de réduire d’une manière plus accentuée la consommation de tabac.
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Les niveaux de consommation de tabac, d’alcool, ou de drogues illicites dans la cohorte Tempo étaient déjà comparables à l’ensemble de la population française. Environ 35% des participants âgés entre 19 et 26 ans fumaient régulièrement du tabac, 28% consommaient de l’alcool de façon excessive et 14% consommaient régulièrement du cannabis.
Melchior M, Chastang JF, Goldberg P, Fombonne E. High prevalence rates of tobacco, alcohol and drug use in adolescents and young adults in France: results from the GAZEL Youth study. (Addictive Behaviors. 2008)
Nous avons publié une étude montrant que la consommation précoce de cannabis (avant 17 ans) est liée au niveau d’études atteint à l’âge adulte. En prenant en compte les caractéristiques individuelles et familiales susceptibles de prédire l’initiation précoce du cannabis, les individus ayant fumé du cannabis avant l’âge de 17 ans ont une probabilité 1.6 fois plus élevée de ne pas dépasser le baccalauréat. Ce lien semble plus fort chez les jeunes filles que chez les garçons.